La contestation des symboles colonialistes: un mouvement planétaire

Depuis plusieurs années, des mouvements s’élèvent à travers le monde pour protester contre la célébration des grandes figures esclavagistes, colonialistes et racistes.

 

Récapitulatif de ce mouvement planétaire (par Khadim Ndiaye)

 

En 2015, en Afrique du Sud, après un mois d’une forte campagne étudiante sous les cris de « Rhodes must fall » (Rhodes doit tomber), le conseil de l’Université du Cap a voté le retrait de la statue du britannique Cecil Rhodes qui prônait la supériorité de la race blanche et qui est considéré comme le « Hitler de l’Afrique du Sud ».

Le mouvement a même eu des répercussions à l’université d’Oxford au Royaume-Uni. En effet, au delà même de la demande du retrait de la statue du colonisateur britannique de l’université, il a été exigé une décolonisation de l’enseignement universitaire afin de donner le point de vue des colonisés. Le mouvement a porté ses fruits puisque les étudiants en histoire vont désormais avoir un sujet « non britannique et non européen » au cours des examens.

Aux États-Unis, la vague d’indignation a déferlé un peu partout dans le pays comme à Baltimore où, après une décision adoptée à l’unanimité, le conseil de la ville a décidé de détruire des statues de soldats confédérés. A Nashville, des manifestants ont réclamé le retrait du Capitole du buste de Nathan Bedford Forrest, général confédéré et fondateur du Ku Klux Klan.

Au Royaume-Uni, la statue de l’amiral Horatio Nelson soupçonné d’être un suprémaciste blanc, a fait polémique après la publication d’une lettre d’Afua Hirsh, une journaliste, écrivaine et défenseuse des droits de l’homme. La statue de ce même Horacio Nelson a été défigurée à la Barbade à la veille de la fête de l’Indépendance avec de la peinture jaune et bleue, les couleurs du drapeau national.

Au Canada, la statue de John A. Macdonald trônant à la Place du Canada à Montréal, considérée comme symbole du colonialisme, du racisme et de la suprématie blanche par des activistes, a été vandalisée au mois de novembre 2017.

En Belgique, les protestataires se sont attaqués aux bustes et aux statues équestres du sanguinaire Léopold II, qui s’appropria le Congo.

Leopold II

En France, le CRAN (le Conseil représentatif des associations noires de France) a réclamé que l’on déboulonne les statues de Colbert, ministre de Louis XIV et auteur du fameux Code Noir. La statue du général Bugeaud, auteur de carnages en Algérie a fait également polémique. Bugeaud recommandait notamment de « fumer à outrance comme des renards » les « indigènes » algériens qui se retiraient dans les montagnes.

En Nouvelle-Calédonie, plusieurs lettres dont celle du Collectif des Cercles des Libres Penseurs Kanak envoyée à la Ministre des Outre-Mers, ont été rédigées afin que l’on enlève la statue de l’amiral Olry. Une première action en vue du déboulonnage effectif de la statue eu lieu le 26 octobre 2016. La pression s’est fait sentir tout au long de l’année 2017 (voir ici l’appel d’un militant contre la statue: https://www.youtube.com/watch…)

En Martinique, la statue de Joséphine de Beauharnais, sur la Place de la Savane, a fait l’objet d’une manifestation du MIR (Mouvement International pour les Réparations). Pour rappel, cette statue de Joséphine n’a plus de tête depuis 1991. Elle a été décapitée symboliquement par des militants.

Au Sénégal, la statue de Faidherbe à Saint-Louis a également fait polémique. Tombée au mois de septembre 2017, elle a réhabilitée par le maire de la ville. Elle continue néanmoins d’être dénoncée. Au mois de novembre 2017, elle a été aspergée de peinture.

A Barcelone, la statue du commerçant colonialiste Antonio López a été retiré par les autorités locales en mars 2018.

BArcelone

A Montréal, deux statuts de la reine Victoria ont été attaquées en mars 2018 par un groupe baptisé Brigade de la Solidarité Anti-coloniale. Ce groupe explique: « Nous sommes motivé.e.s et inspiré.e.s par des mouvements à travers le monde qui ont fait tomber et ont autrement ciblé des monuments par actes anticoloniaux et antiracistes: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston, le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments racistes de la Confédération aux États-Unis, et plus. Nous sommes également inspiré.e.s par la récente action à Montréal, en novembre 2017, contre le Monument John A. Macdonald. Notre action est une simple expression de la solidarité anti-coloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres à entreprendre des actions similaires contre les monuments racistes. »